
Être connecté tout le temps, ou presque, fait partie du quotidien de nombreux jeunes. Quand cet usage devient excessif (sans être une addiction), il peut perturber l’attention, le sommeil ou encore l’équilibre de vie. Certains signaux de repérages peuvent aider à reconnaître le glissement vers un usage abusif et ainsi de permettre la mise en place d'un bon cadre pour protéger les jeunes concernés.
On parle d’hyperconnectivité ou d’usage abusif des écrans quand les activités numériques d'une personne (réseaux sociaux, plateformes vidéos, jeux vidéo, etc.) interfèrent négativement de manière importante avec d'autres activités de sa vie (école, loisirs, relations sociales, etc.). Contrairement à l’addiction, il n’y a pas nécessairement de perte de contrôle sévère ni de souffrance importante, mais l’usage devient déséquilibré, trop envahissant, ou difficile à réguler.
Ce phénomène concerne de nombreux jeunes. Selon la dernière étude sur le sujet en Suisse, 15% de la population de plus de 15 ans serait concerné par un usage problématique d'internet. Cela peut se manifester par un besoin constant de vérifier son téléphone, des difficultés à se concentrer sans écran, ou encore par des temps d’écran très élevés au détriment du sommeil, de l’activité physique ou des relations sociales.
Les écrans font partie de notre quotidien et nous offrent beaucoup d'opportunités. Tout l’enjeu est de trouver le bon équilibre pour éviter de glisser vers une pratique abusive. Un usage élevé n’est pas toujours problématique, mais quand les écrans prennent trop de place dans la vie quotidienne au détriment d'autres activités, il devient nécessaire d'être vigilant·e, de cadrer et d’accompagner.
- Établir un cadre clair pour l'usage des écrans à la maison (avec l'aide d'une charte par exemple) en négociant avec l'enfant et en lui expliquant l'importance d'avoir des garde-fous qui le protège des sollicitations constantes du monde numérique.
- S'intéresser à ce que la personne fait sur les écrans afin de comprendre quelles fonctions ils remplissent pour elle ou quels vides viennent-ils combler.
- Instaurer des moments déconnectés (repas, soirée, sortie, etc.).
- Proposer des alternatives (sport, jeu de société, sortie, bricolage, etc.) et en faire des expériences agréables sans écran.
- Donner le bon exemple aux jeunes en leur montrant que les adultes se mettent également des règles et ont recours à des astuces pour éviter l'hyperconnectivité constante.
- Ne pas hésiter à aller chercher de l'aide auprès de personnes de confiance et/ou d'institutions spécialisées lorsque la situation dégénère.
En moyenne, un ado consulte son téléphone plus de 100 fois par jour, souvent sans en avoir conscience et manière machinale.
- L’usage excessif peut masquer un besoin (solitude, anxiété, estme de soi, etc.). L’écran est dans ces cas un refuge. Il est important d’écouter et de déceler ce qu’il vient compenser.
- Le multitâche numérique épuise la concentration. Par exemple, répondre à des messages tout en révisant et en regardant une vidéo fragmente l’attention et fatigue plus vite.
- L’hyperconnectivité affecte le sommeil notamment avec l’usage tardif (surtout passif) et/ou la présence du téléphone dans la chambre ce qui peut nuire à l’endormissement et produire un sommeil de piètre qualité.
- Certains jeunes très connectées vont bien, sont actifs, curieux ou créatifs. Ce n’est pas le temps seul qui compte, mais la qualité de l’usage et son impact global.
- L’utilisation des écrans remplit souvent les “vides” (moments d’attente, de silence, d’ennui, etc.) Or, l’ennui est une compétence à retrouver. Il favorise la créativité, la pensée autonome, la prise d’initiative.
Certaines applications permettent de visualiser le temps d’écran, de planifier des pauses ou de définir des créneaux sans distraction. Cela peut être un support utile pour prendre conscience de ses usages.
Pas nécessairement. Ce qui compte, c’est l’impact global sur sa santé, son sommeil, ses relations, sa scolarité. Si ces éléments vont bien, il n'y a pas lieu de se faire trop de souci. Il n'en reste pas moins qu'une vigilance en cas de changements notables sur ces aspects de vie est de mise et qu'il ne faut rien lâcher sur le bon cadre que vous avez certainement mis en place et que vous maintenez. Un usage élevé mais équilibré peut être acceptable, tandis qu’un usage moyen mais compulsif peut poser problème.
La frontière entre le "trop" et le "raisonnable" est floue et variable d'une personne à l'autre. On va surtout être attentif lorsque l'écrans remplace trop souvent le sommeil, les interactions sociales, une activité physique, perturbe la concentration ou encore les résultats scolaires. Lorsque cela est le cas, on peut envisager que l'écrans prend trop de place au détriment d'autres activités et qu'un déséquilibre s'opère.
Beaucoup de parents se sentent impuissants ou dépassés face à l’omniprésence des écrans. Vous n'êtes de loins pas seul, surtout à l’adolescence, quand la relation change et que les tensions peuvent s’accumuler.
Il n'y a malheureusement pas de recette miracle, voici quelques pistes concrètes pour trouver du soutien et ne pas rester seul face à cette difficulté. Vous pouvez consulter un·e professionnel·le de la santé (pédiatre, psychologue) afin d'avoir un avis externe sur la situation et d'envisager les possibilités pour la suite. Une autre piste d'action est l'école si vos enfants y sont encore. Il existe bien souvent dans les établissements scolaires des professionnel·les (médiatrices ou médiateurs, psychologues, travailleuses ou travailleurs sociaux) qui peuvent être un appui. Idéalement, il faudrait que vos enfants prennent par à ces démarches à un moment ou à un autre. Mais nous savons que cela est en général compliqué de les faire adhérer au processus. Et enfin, tenter de maintenir la communication avec vos enfants et faite leur part des difficultés que vous avez face à cette situation.
Non. C'est certains contenus récréatifs (réseaux sociaux, jeux vidéo) qui posent en particulier problème. Mais il faut surtout veiller que lorsque votre enfant est en ligne pour des travaux scolaire, il ne bascule pas constamment sur d'autres activités en ligne qui n'ont rien à voir avec les devoirs.
Les contrôles parentaux peuvent notamment vous aider à maintenir le cadre que vous avez posé et diminuer les risques sur internet. Si ce sont des outils intéressant, ils ne suffiront jamais à eux seuls. D'ailleurs aucun filtre n'est efficace à 100%. L'accompagnement et le dialogue restent pour nous la clef. Nous aimons bien dire que les parents sont les meilleurs filtres qui soient.